inconsidérément entre les mains de vos ennemis ? pourquoi vous êtes-vous trouvé ce soir dans les rangs des Américains ?
— Ralph m’avait dit d’y aller, et si Ralph disait à Job d’aller dans la chambre du roi, Job lui obéirait.
— Ralph ! s’écria Lincoln ; et où est-il maintenant ?
— Dans le vieux magasin ; il m’a chargé de venir vous dire d’aller lui parler, et ce que Ralph dit, il faut le faire.
— Il est aussi à Boston ? A-t-il donc perdu l’esprit ? il doit craindre…
— Craindre ! répéta Job avec un ton de dédain singulier : Ralph ne craint rien ; il n’a pas craint les grenadiers ; l’infanterie légère ne lui a pas fait peur, quoiqu’il n’ait mangé que de la fumée de leur fusil pendant tout le jour. Ralph est un vrai guerrier.
— Et il attend, dites-vous, dans le taudis de votre mère ?
— Taudis ! Job ne sait pas ce que c’est qu’un taudis. Il vous attend dans le vieux magasin.
— Eh bien ! dit Lionel en prenant son chapeau, allons le voir. Il faut que je le sauve des suites de sa témérité, quand il devrait m’en coûter ma commission.
Il sortit de sa chambre en prononçant ces paroles, et l’idiot le suivit, fort satisfait d’avoir exécuté son message sans y avoir rencontré de plus grandes difficultés.
CHAPITRE XII.
agitation et l’indignation profondes qu’avaient produites
les événements de la journée n’étaient pas encore calmées dans la
ville, lorsque Lionel en parcourut de nouveau les rues étroites.
Des hommes passaient rapidement près de lui, comme s’ils eussent
été appelés par quelque affaire pressante et extraordinaire,
et plus d’une fois il remarqua le sourire triomphant des femmes