Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/206

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cercle de ces dignes personnages, qui cachaient mal leur mortification.

Dès qu’il aperçut Lionel, il s’avança à sa rencontre avec l’air affable et sans prétention qui lui était naturel, tandis que la simplicité de son costume formait un contraste marqué avec la richesse des uniformes qui brillaient autour de lui.

— En quoi puis-je obliger le major Lincoln ? dit-il en lui prenant cordialement la main, comme s’il était bien aise d’être délivré des conseillers fâcheux qu’il avait quittés avec si peu de cérémonie.

— Je viens de voir passer le régiment de Wolfe qui se rendait au lieu de l’embarquement, et j’ai pris la liberté de me présenter auprès de Votre Excellence pour lui demander s’il ne serait point temps que le major de ce régiment reprît son service ?

Le général parut réfléchir un instant, puis répondit avec un Sourire bienveillant :

— Ce ne sera qu’une affaire d’avant-poste, qui doit être promptement terminée. Si j’accédais à la demande de tous les braves jeunes gens qui viennent m’offrir leur bras aujourd’hui, il pourrait en coûter la vie à quelques bons officiers, et l’enlèvement d’une misérable redoute serait acheté trop cher à ce prix.

— Me sera-t-il permis de vous faire observer que la famille Lincoln est de la province, et que c’est à elle de donner l’exemple dans cette occasion ?

— La loyauté des colonies est trop bien représentée ici pour que ce sacrifice soit nécessaire, répondit Gage en jetant les yeux d’un air d’indifférence sur le petit groupe de conseillers qui étaient restés rassemblés derrière lui ; mon conseil a décidé quels officiers seraient employés, et je regrette que le nom du major Lincoln n’y ait pas été compris, puisqu’il paraît le désirer ; mais une vie aussi précieuse que la sienne ne doit pas être exposée légèrement et sans nécessité.

Lionel s’inclina d’un air respectueux, et après avoir communiqué au général le peu de détails qu’il avait obtenus de Job Pray, il s’apprêtait à se retirer lorsqu’il se trouva près d’un autre officier supérieur qui sourit en voyant son air de désappointement, et qui le prenant par le bras, l’entraîna hors de la salle avec une familiarité et une aisance qui n’avaient rien d’affecté.

— Ainsi donc, Lincoln, vous voilà condamné, comme moi, à ne point vous battre aujourd’hui pour Sa Majesté, lui dit-il lors-