Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/280

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— Insensés ! insensés ! murmura-t-il d’un ton d’amertume, lorsque vous auriez dû agir comme des hommes, vous vous êtes amusés comme des enfants, et vous avez oublié votre âge et même votre Dieu pour satisfaire une injuste colère.

— Et maintenant, en guise de représailles, ces mêmes chevaux meurent de faim, faute de fourrage, dit Job qui continuait à marcher à côté de lui. Ils auraient mieux fait d’aller eux-mêmes à l’office et d’écouter le sermon, plutôt que de mettre de vilaines bêtes pour hennir et ruer dans un lieu que le Seigneur visitait si souvent.

— Dites-moi, mon garçon, de quel autre acte de folie l’armée s’est-elle encore rendue coupable ?

— Quoi ! n’avez-vous pas entendu parler de l’église d’Old-North ! Ils ont fait du bois à brûler du plus beau temple de la baie. S’ils l’osaient, ils porteraient leurs mains sacrilèges jusque sur l’antique Fanueil-Hall lui-même.

Lionel ne répondit point. Il avait entendu dire que la détresse de la garnison, bloquée de toutes parts, l’avait forcée à détruire l’église en question, et plusieurs autres maisons encore, pour en faire du bois de chauffage. Mais il ne voyait là-dedans qu’une ressource à laquelle la nécessité avait contraint de recourir, et cette mesure au moins ne portait pas l’empreinte de ce mépris pour les sentiments du peuple qui n’éclatait que trop dans la prostitution des antiques murs de l’édifice qui était connu et vénéré de toute la Nouvelle-Angleterre sous le nom de l’église d’Old-South.

Lionel continua sa route d’un air pensif à travers les rues silencieuses, jusqu’à ce qu’il eût atteint le temple plus favorisé où le rite de l’église anglicane était observé, et qui était doublement sacré aux yeux de la garnison, puisqu’il portait le nom de leur monarque terrestre.