si souvent amarrée par le malheureux idiot qui en était propriétaire.
CHAPITRE XXXIII.
ionel aida Cécile à monter l’escalier qui conduisait sur le
quai, et, toujours suivis de leur vieux compagnon, ils se trouvèrent
bientôt sur le pont qui joignait les deux jetées formant
l’entrée du bassin.
— c’est ici que nous nous séparons, dit-il à Ralph ; dans une autre occasion vous reprendrez, je l’espère, la suite de votre fatale histoire.
— Nous ne pouvons en trouver une meilleure, répondit Ralph : le temps, le lieu, la situation de la ville, tout nous favorise.
Lionel jeta les yeux sur ce qui se passait autour de lui dans la place. La lumière encore douteuse du matin lui fit voir quelques bourgeois alarmés, qui causaient rassemblés en petits groupes, et quelques soldats à demi vêtus, qui couraient précipitamment du côté d’où partait le bruit de la canonnade. Chacun était si exclusivement occupé de l’affaire du moment, que personne ne fit attention à eux.
— Le temps, le lieu, répéta-t-il lentement.
— Sans doute, répondit Ralph. Quel instant est plus propice pour qu’un ami de la liberté puisse passer au milieu de ces mécréants soudoyés sans attirer leurs regards, que celui où la terreur vient d’interrompre leur sommeil ? et quant au lieu, ajouta-t-il en étendant la main vers le vieux magasin, le voilà : c’est là que vous trouverez la preuve de tout ce que je vous ai dit. Le major Lincoln resta un moment dans une attitude de profonde réflexion. Il est probable que son imagination lui retraça rapidement la liaison mystérieuse qui existait entre la misérable habitante de ce bâtiment abandonné et l’aïeule de Cécile, qui s’était montrée, comme il venait de l’apprendre, ennemie si im-