Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/44

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père rendu à ma tendresse. Cet espoir est justifié par son âge, car vous savez qu’il n’a pas encore cinquante ans.

Un long et pénible silence suivit cette intéressante communication ; enfin Mrs Lechmere dit d’une voix tremblante qui toucha profondément Lionel, puisqu’elle prouvait son bon cœur et l’intérêt qu’elile prenait à son père :

— Ayez la bonté de me donner un verre d’eau que vous trouverez dans le buffet ; excusez-moi, cousin Lionel ; mais ce sujet est si pénible que je ne saurais y penser sans que mes forces m’abandonnent. Je vais me retirer quelques instants, si vous le permettez, et je vous enverrai ma petite-fille ; je suis impatiente que vous fassiez connaissance avec elle.

La solitude était en ce moment trop d’accord avec les sentiments de Lionel pour qu’il cherchât à la retenir, et les pas chancelants de Mrs Lechmere, au lieu de suivre Agnès Danforth, qui était également sortie pour aller chercher Cécile, se dirigèrent vers une porte qui communiquait à son appartement particulier.

Pendant quelques minutes le jeune bonne marcha à grands pas sur les lions de Lechmere avec une rapidité qui semblait égaler celle que l’artiste s’était efforcé de leur donner en peinture. Tandis qu’il parcourait dans tous les sens le petit salon, ses yeux se promenaient vaguement sur les riches boiseries où se trouvaient les champs d’argent, d’azur et de pourpre des différents écussons, et avec autant d’indifférence que s’ils n’eussent pas été couverts des emblèmes distinctifs de tant de noms honorables.

Cependant il fut bientôt tirée de sa rêverie par la soudaine apparition d’une personne qui s’était glissée dans l’appartement, et s’était avancée jusqu’au milieu avant qu’il se fût aperçu de sa présence. Une tournure gracieuse, les contours les plus séduisants, les proportions les plus parfaites, et avec cela une physionomie expressive où la grâce s’alliait si heureusement à la modestie, que son air seul commandait le respect, en même temps que ses manières étaient douces et insinuantes ; c’en était bien assez sans doute pour suspendre à l’instant la marche un peu désordonnée d’un jeune homme qui eût été encore plus distrait et moins galant que celui que nous avons essayé de dépeindre.

Le major Lincoln savait que cette jeune personne ne pouvait être que Cécile Dynevor, l’unique fruit du mariage d’un officier anglais, mort depuis longtemps, avec la fille unique de Mrs Lech-