Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/6

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historique qu’il se soit permis ; et par la manière dont il fut reçu dans le public. Il a prouvé qu’il ne dédaignait pas l’opinion de ce dernier en discontinuant des tentatives dont l’inutilité lui avait été si clairement, quoique si poliment prouvée.

Lorsqu’un auteur de romans peut violer l’ordre des temps, choisir des coutumes et des événements dans différents siècles, et en faire sa propriété légitime, il ne doit accuser de son manque de succès que son défaut d’intelligence et de talent. Mais lorsque les circonstances sont opposées à ses succès, il lui est permis de dire, pour sa propre justification, surtout lorsqu’il admet ses erreurs en se rétractant, que sa principale faute est d’avoir tenté l’impossible.

Bien que l’auteur de cet ouvrage admette franchement que Lionel Lincoln n’est pas ce qu’il espérait qu’il serait lorsqu’il commença sa tâche, il pense cependant qu’il n’est pas sans quelques droits à l’attention du lecteur. Les batailles de Lexington et de Bunker’s Hill et le mouvement sur Prospect-Hill sont aussi exactement décrits que pouvait le faire un homme qui n’avait pas été témoin oculaire de ces importants événements. L’auteur n’épargna aucune peine en examinant les documents, soit anglais, soit américains, et consulta bien des autorités particulières avec un ferme désir de parvenir jusqu’à la vérité. Le terrain fut visité et examiné avec soin, et les différentes relations furent balancées par une comparaison sévère avec les probabilités. L’auteur ne s’en tint pas là ; il se procura même un journal de l’état du temps, et respecta minutieusement, dans son ouvrage, les variations de l’atmosphère. Ainsi, celui qui prend intérêt à tous ces détails peut être assuré que tout ce qu’il lira dans Lionel Lincoln sur ces faits particuliers est de la plus parfaite exactitude. Au moment où parut cet ouvrage, les faiseurs de Revues ont donc eu tort de reprocher à l’auteur son indifférence pour les lois de la nature, en mettant trop souvent en scène le clair de lune. Le critique, dans son zèle, oubliait le fait matériel, que le cours de la lune change de mois en mois ; il se souviendra maintenant que le journal météorologique était sous les yeux de l’auteur, pendant tout le temps où il fut occupé de ce roman.

Les ouvrages d’imagination sont rarement compris, même par ceux qui ont toute l’habileté nécessaire pour les juger. Un article, certainement très-favorable au livre, si l’on considère ses mé-