Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 5, 1839.djvu/137

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libérateur. De grands cris partant d’un buisson où les Hurons avaient déposé leurs armes à feu, leur répondirent à l’instant, et les Indiens poussèrent de nouveaux rugissements de rage en voyant leurs ennemis placés entre eux et leurs fusils.

Œil-de-Faucon, trop impatient pour se donner le temps de recharger sa longue carabine qu’il avait retrouvée dans le buisson, fendit l’air en se précipitant sur eux, une hache à la main. Mais quelque rapide que fût sa course, il fut encore devancé par un jeune sauvage qui, un couteau dans une main, et brandissant de l’autre le redoutable tomahawk, courut se placer en face de Cora. Un troisième ennemi, dont le corps à demi nu était peint des emblèmes effrayants de la mort, suivait les deux premiers dans une attitude non moins menaçante. Aux cris de fureur des Hurons succédèrent des exclamations de surprise, lorsqu’ils reconnurent les ennemis qui accouraient contre eux ; et les noms — le Cerf-Agile ! le Grand-Serpent ! — furent successivement prononcés.

Magua fut le premier qui sortit de l’espèce de stupeur dont cet événement imprévu les avait frappés, et voyant sur-le-champ qu’il n’avait que trois adversaires à redouter, il encouragea ses compagnons par sa voix et son exemple ; et poussant un grand cri, il courut, le couteau à la main, au-devant de Chingachgook, qui s’arrêta pour l’attendre. Ce fut le signal d’un combat général ; aucun des deux partis n’avait d’armes à feu, car les Hurons se trouvaient dans l’impossibilité de reprendre leurs fusils, et la précipitation du chasseur n’avait pas donné le temps aux Mohicans de s’en emparer. L’adresse et la force du corps devaient donc décider de la victoire.

Uncas étant le plus avancé, fut le premier attaqué par un Huron, à qui il brisa le crâne d’un coup de tomahawk, et cette première victoire ayant rendu le nombre des combattants égal, chacun d’eux n’eut affaire qu’à un ennemi. Heyward arracha la hache de Magua restée enfoncée dans l’arbre où Alice était attachée, et s’en servit pour se défendre contre le sauvage qui l’attaqua.

Les coups se succédaient comme les grains d’une grêle d’orage, et ils étaient parés avec une adresse presque égale. Cependant la force supérieure d’Œil-de-Faucon l’emporta bientôt sur son antagoniste qu’un coup de tomahawk étendit sur le carreau.

Pendant ce temps, Heyward, cédant à une ardeur trop bouillante, avait lancé sa hache contre le Huron qui le menaçait, au