Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 5, 1839.djvu/403

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animé à la poursuite des Hurons ; il continua à les harceler sans relâche. En vain Œil-de-Faucon lui criait de ne point s’exposer témérairement ; le jeune Mohican n’écoutait rien, bravait le feu des ennemis, et il les força bientôt à fuir avec la même rapidité qu’il mettait à les poursuivre. Heureusement cette course forcée ne dura pas longtemps, et les blancs que le chasseur conduisait se trouvaient par leur position avoir un espace moins grand à parcourir, autrement le Delaware eût bientôt devancé tous ses compagnons, et eût été victime de sa témérité. Mais avant qu’un pareil malheur pût arriver, les fuyards et les vainqueurs entrèrent presque en même temps dans le village des Wyandots.

Excités par la présence de leurs habitations, les Hurons s’arrêtèrent, et ils se battirent en désespérés autour du feu du conseil. Le commencement et la fin du combat se touchèrent de si près, que le passage d’un tourbillon est moins rapide, et ses ravages moins effrayants. La hache d’Uncas, le fusil d’Œil-de-Faucon, et même le bras encore nerveux de Munro, firent de tels prodiges, qu’en un instant la terre fut jonchée de cadavres. Cependant Magua, malgré son audace, et quoiqu’il s’exposât sans cesse, échappa à tous les efforts que faisaient ses ennemis pour lui arracher la vie. On eût dit que, comme ces héros favorisés dont d’anciennes légendes nous conservent la fabuleuse histoire, il avait un charme secret pour protéger ses jours. Poussant un cri dans lequel se peignait l’excès de sa fureur et de son désespoir, le Renard-Subtil, après avoir vu tomber ses compagnons autour de lui, s’élança hors du champ de bataille, suivi de deux amis, qui seuls avaient survécu, et laissant les Delawares occupés à recueillir les trophées sanglants de leur victoire.

Mais Uncas, qui l’avait vainement cherché dans la mêlée, se précipita à sa poursuite ; Œil-de-Faucon, Heyward et David se pressèrent de voler sur ses pas. Tout ce que le chasseur pouvait faire avec les plus grands efforts, c’était de le suivre de manière à être toujours à portée de le défendre. Une fois Magua parut vouloir se retourner pour essayer s’il ne pourrait pas enfin assouvir sa vengeance ; mais ce projet fut abandonné presque aussitôt qu’il avait été conçu ; et se jetant au milieu d’un buisson épais à travers lequel il fut suivi par ses ennemis, il entra tout à coup dans la caverne qui est déjà connue du lecteur. Œil-de-Faucon poussa un cri de joie en voyant que maintenant leur proie ne pouvait plus