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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 5, 1839.djvu/90

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Il fut interrompu par Uncas, qui fit entendre à demi-voix l’exclamation ordinaire de sa nation : — Hugh ! hugh !

— Je les vois, je les vois bien, dit Œil-de-Faucon ; ils se préparent à monter sur l’île, sans quoi ils ne montreraient pas leur poitrine rouge hors de l’eau. Eh bien ! qu’ils viennent, ajouta-t-il en examinant de nouveau son amorce et sa pierre à fusil ; le premier qui avancera rencontrera sûrement la mort, quand ce serait Montcalm lui-même.

En ce moment les quatre sauvages mirent le pied sur l’île, au milieu des hurlements épouvantables qui partirent en même temps des bois voisins. Heyward mourait d’envie de courir à leur rencontre, mais il modéra son impatience inquiète en voyant le calme inébranlable de ses compagnons. Quand les sauvages se mirent à gravir les rochers qu’ils avaient réussi à gagner, et qu’en poussant des cris féroces ils commencèrent à avancer vers l’intérieur de l’île, le fusil du chasseur se leva lentement du milieu des pins, le coup partit, et l’Indien qui marchait le premier, faisant un bond comme un daim blessé, fut précipité du haut des rochers.

— Maintenant, Uncas, dit le chasseur, les yeux étincelants d’ardeur, et tirant son grand couteau, attaquez celui de ces coquins qui est le plus éloigné, et nous aurons soin des deux autres.

Uncas s’élança pour obéir, et chacun n’avait qu’un ennemi à combattre. Heyward avait donné au chasseur un de ses pistolets ; ils firent feu tous deux dès qu’ils furent à portée, mais sans plus de succès l’un que l’autre.

— Je le savais, je vous le disais, s’écria le chasseur en jetant avec dédain par-dessus les rochers l’instrument qu’il méprisait. Arrivez, chiens de l’enfer, arrivez ! Vous trouverez un homme dont le sang n’est pas croisé.

À peine avait-il prononcé ces mots, qu’il se trouva en face d’un sauvage d’une taille gigantesque, et dont les traits annonçaient la férocité : Duncan, au même instant, se trouvait attaqué par le second. Le chasseur et son adversaire se saisirent avec une adresse égale par celui de leurs bras qui était armé du couteau meurtrier. Pendant une minute, ils se mesurèrent des yeux, chacun d’eux faisant des efforts inouïs pour dégager son bras sans lâcher celui de son adversaire. Enfin les muscles robustes et endurcis du blanc l’emportèrent sur les membres moins exercés de son antagoniste. Le bras de celui-ci céda aux efforts redoublés d’Œil-de-Faucon,