CHAPITRE XII.
andis que la congrégation se dispersait, M. Grant prit la main de la jeune personne dont nous avons parlé dans le chapitre qui
précède, et s’approchant de Marmaduke et d’Élisabeth, il la leur
présenta comme sa fille. Miss Temple lui fit, un accueil aussi franc
que cordial, et chacune, d’elles sentit au même instant que la
société de l’autre ajouterait considérablement à son bonheur. Le
juge, qui ne connaissait pas encore la fille du ministre, fut
enchanté que la sienne trouvât, dans le premier moment de son
arrivée à Templeton, une compagne de son âge qui pût l’aider à
oublier la différence qu’il y avait entre un village à peine habité,
et la ville populeuse de New-York. L’accueil plein d’aisance et
d’affection que fit Élisabeth à miss Grant eut bientôt dissipé le léger embarras que celle-ci éprouva d’abord. Les quelques
minutes que la congrégation mit à sortir de la salle leur suffirent
pour faire connaissance. Elles prirent des arrangements pour
passer ensemble la journée du lendemain, et elles commençaient
à s’occuper des jours suivants, quand le ministre interrompit leur
conversation.
— Doucement, doucement, ma chère miss Temple, dit-il en souriant ; songez que Louise est ma femme de ménage, et que, si elle acceptait la moitié des propositions que vous voulez bien lui faire, mes affaires domestiques en souffriraient nécessairement.
— Et pourquoi avez-vous des affaires domestique ? lui demandant-elle avec gaieté. Vous n’êtes que deux ; que ne venez-vous demeurer chez mon père ? Sa maison est assez grand pour vous contenir, et les portes s’en ouvriront d’elles-mêmes pour recevoir de pareils hôtes. Faut-il que trop d’égards pour des formes glaciales nous privent des avantages de la société, quand