rodoxe, et elle ne l’abandonnera jamais. Quand le cœur est plein de l’amour de Dieu, il n’y reste aucune place pour le péché. Mais vous, jeune homme, je vous ai une obligation en commun avec tous ceux à qui vous avez sauvé la vie ce matin ; et je vous dois en outre des remerciements pour la manière pieuse dont vous êtes venu à mon secours pendant l’office, dans un moment assez embarrassant pour moi. Je serai charmé de vous voir quelquefois chez moi, et ma conversation vous affermira peut-être dans le sentier que vous paraissez avoir choisi. Nous ne devons plus être étrangers l’un à l’autre. Vous semblez connaître parfaitement le service de l’église épiscopale, car vous répondiez sans avoir de livre, quoique le bon M. Jones en eût placé dans différentes parties de la salle.
— Il n’est pas étonnant, Monsieur, répondit le jeune homme, que je connaisse le service de l’Église dans le sein de laquelle je suis né et j’ai vécu jusqu’ici, comme l’ont fait mes ancêtres avant moi.
— J’ai grand plaisir à vous entendre parler ainsi, s’écria le ministre en lui serrant la main cordialement ; il faut que vous veniez avec moi sur-le-champ, il le faut ; ma fille doit aussi ses remerciement à celui qui a sauvé les jours de son père ; ne cherchez pas d’excuses, je n’en accepterai aucune. Ce digne Indien et votre ami vous accompagneront. Je remercie Dieu de penser qu’il est arrivé à l’âge viril sans être entré dans une église dissidente[1].
— Non, non, s’écria Natty, il faut que je retourne au wigwam[2], j’ai de la besogne qui m’y attend, et ni l’église ni la bonne chère ne doivent la faire oublier. Que le jeune homme aille avec vous, à la bonne heure ; il est habitué à faire compagnie aux ministres, et il est en état de raisonner avec eux. Le vieux John peut vous suivre aussi, si bon lui semble : car c’est un chef, et il a été fait chrétien par les frères Moraves, du temps de l’ancienne guerre. Quant à moi, je n’ai ni usage du monde ni instruction ; j’ai servi, dans mon temps, le roi et mon pays contre les Français et les sauvages ; mais, depuis que je suis au monde, je n’ai jamais mis le
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