avec un ton de chaleur et d’affection qu’il prenait bien rarement en lui parlant :
— Je vous félicite, Monsieur, je vous félicite du fond du cœur ! Mais c’est un souvenir trop horrible pour s’y appesantir. Je viens de la hutte ; Natty m’a dit qu’il avait tué une panthère, m’en a montré la peau de la tête, et ne m’a parlé de la circonstance la plus importante qu’en dernier lieu. Je ne puis trouver des termes, Monsieur, pour vous exprimer la moitié de ce que j’ai éprouvé en apprenant… Il s’arrêta un instant, comme s’il se fût rappelé qu’il excédait les limites qu’il s’était prescrites, et continua avec quelque embarras : En apprenant que… miss Grant et… et votre fille avaient couru un si grand danger.
— Je vous remercie, Edwards, répondit Marmaduke, dont le cœur était trop ému pour qu’il remarquât l’air de confusion du jeune homme qui lui parlait ; je vous remercie ; mais, comme vous le dites, cette scène est trop horrible pour qu’on ne cherche pas à l’oublier. Allons trouver ma fille, car Louise est déjà retournée au presbytère.
Edwards s’élança en avant, et, ouvrant la porte de l’appartement où était miss Temple, il laissa à peine à Marmaduke le temps d’y entrer avant lui.
Edwards renouvela ses félicitations à miss Temple avec tant de chaleur et de sincérité, que la froideur avec laquelle Élisabeth lui parlait souvent disparut entièrement. Marmaduke, de son côté, oublia tout à fait les soupçons qu’il avait conçus pendant sa promenade du matin, et ils passèrent deux heures ensemble avec toute la cordialité d’anciens amis. Edwards annonça plusieurs fois son intention d’aller aussi au presbytère féliciter M. Grant de la sûreté de sa fille ; mais ce ne fut qu’à la troisième qu’il se détermina enfin à remplir ce devoir d’amitié.
Pendant ce court espace de temps, il se passa près de la hutte de Natty une scène qui dérangea complètement les intentions bienveillantes de Marmaduke envers le vieux chasseur, et qui détruisit l’harmonie toute récente qui venait de s’établir entre lui et le jeune homme.
Quand Hiram eut obtenu le mandat de perquisition, il ne songea plus qu’à se procurer un officier de justice pour le faire mettre à exécution sans perdre de temps. Le shérif était en tournée pour porter lui-même des sommations aux jurés qui devaient se trouver