Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La construction de cet édifice avait été dirigée par un M. Richard Jones, dont nous avons déjà prononcé le nom. Une certaine adresse qu’il avait pour les petites choses, sa vanité qui lui faisait croire que rien ne pouvait aller bien sans lui, la disposition qu’il avait à se mêler de tout, et la circonstance qu’il était cousin germain de M. Temple, avaient suffi pour faire de M. Richard Jones une sorte de factotum pour le juge. Il aimait à rappeler qu’il avait bâti deux maisons pour Marmaduke, une provisoire, et une définitive. La première n’était qu’un grand hangar en bois sous lequel la famille avait demeuré trois ans pendant qu’il faisait travailler à la seconde. Il avait été aidé dans cette construction par l’expérience d’un charpentier anglais, qui s’était emparé de son esprit en lui montrant quelques gravures d’architecture, et en lui parlant savamment de frises et d’entablements ; il lui vantait surtout l’ordre composite, qui, disait Hiram Doolittle, était un composé de tous les autres, et le plus utile de tous, attendu qu’il admettait tous les changements et toutes les additions que le besoin ou le caprice pouvaient réclamer. Richard affectait de regarder Doolittle comme un véritable empirique dans sa profession, et cependant il finissait toujours par adopter toutes ses vues. En conséquence, il fut décidé qu’on bâtirait la maison de M. Temple d’après les règles de l’ordre composite, ou, pour mieux dire, d’un ordre d’architecture qui avait pris naissance dans le cerveau du charpentier.

La maison proprement dite, c’est-à-dire la dernière construite, était en pierre, de forme carrée, vaste, et même confortable. C’étaient là quatre qualités sur lesquelles Marmaduke avait insisté avec une opiniâtreté plus qu’ordinaire ; tout le reste avait été abandonné aux soins de Richard et de son associé. Ces deux personnages ne trouvèrent à exercer leur talent dans un édifice en pierre que pour le toit et le porche. Il fut décidé que le toit serait à quatre faces avec une plate-forme, afin de cacher une partie de l’édifice que tous les auteurs sont d’avis de cacher. Marmaduke fit observer que, dans un pays où il tombait beaucoup de neige, et où elle restait sur la terre, quelquefois pendant des mois entiers, à une épaisseur de trois ou quatre pieds, cet arrangement exposait la maison à être entourée pendant l’hiver d’un second mur de neige par l’accumulation de celle qui tomberait du toit. Heureusement les ressources de l’ordre composite s’offrirent pour