pendu[1]. — oui, oui, M. Richard a raison ; car sans cela comment se ferait-il que le septième fils serait toujours un docteur ? Or, quand nous eûmes ce fameux engagement avec les Français sous l’amiral de Grasse, nous avions à bord un docteur qui…
— Fort bien, Benjamin, dit Élisabeth, vous me raconterez cette histoire et toutes vos aventures dans un autre moment. Quant à présent, il faut préparer une chambre où l’on puisse panser le bras de Monsieur.
— J’y veillerai moi-même, cousine, dit Richard d’un air important. Parce qu’il plaît au juge d’être obstiné, il ne faut pas que ce pauvre diable en souffre. Suivez-moi, l’ami, je vais examiner votre blessure.
— Je crois qu’il vaut autant attendre l’arrivée du chirurgien, répondit le jeune chasseur très-froidement ; il ne peut tarder, et cela vous en évitera la peine.
Richard le regarda un instant fixement, comme s’il avait peine à en croire ses oreilles ; mais ne pouvant douter qu’il n’eût bien entendu, il considéra ce refus comme un acte d’hostilité, et remettant ses mains dans ses poches, il se détourna brusquement. S’avançant alors vers M. Grant, et plaçant sa tête en face et tout près de celle du ministre, il lui dit à demi-voix :
— Faites bien attention à ce que je vais vous dire : on fera courir le bruit dans tous les environs que sans ce jeune drôle nous nous serions tous cassé le cou. Comme si je ne savais pas conduire. Vous auriez vous-même fait tourner les chevaux, Monsieur, il n’y a rien de plus facile ; il ne s’agissait que de serrer la bride sur la gauche, et d’allonger un grand coup de fouet sous les flancs du cheval de droite. J’espère que vous ne vous ressentez nullement de la chute ?
L’arrivée du docteur du village empêcha M. Grant de lui répondre.
- ↑ À Londres comme dans les provinces, quand le pendu vient d’expirer, on voit accourir autour de l’échafaud une foule de gens qui implorent du bourreau la faveur d’être frottés avec la main du supplicié. On attribue à cette main, en Angleterre, encore plus de vertu qu’à celle de Sa Majesté Britannique.