Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/8

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un peu la naissance de l’auteur, il n’était pas encore assez prospère pour qu’une femme pût désirer qu’un événement si important par lui-même se passât au milieu d’un désert. Peut-être sa mère avait une raisonnable répugnance pour la pratique du docteur Todd, qui devait être alors dans le noviciat de son expérience. N’importe quelle fut la raison, l’auteur fut apporté enfant dans cette vallée, et c’est de ce lieu que datent tous ses premiers souvenirs.

Otsego est devenu un des districts les plus peuplés de New-York, et il envoie au dehors ses émigrants, ainsi que toute autre vieille contrée ; il est plein d’une industrie entreprenante. Ses manufactures sont prospères ; et il est digne de remarque qu’une des plus ingénieuses machines connues dans les arts européens fut inventée primitivement dans cette région lointaine.

Afin de prévenir toute erreur, il est utile de dire que tous les incidents de ce roman sont purement imaginaires. Les faits réels sont liés avec la fiction et les mœurs des habitants.

Ainsi la description de l’Académie, la Cour de Justice, la Prison, l’Auberge, est exacte. Ces bâtiments ont depuis longtemps cédé la place à des constructions d’un caractère plus prétentieux. L’auteur ne suivit pas non plus toujours la vérité dans la description de la Maison Principale. Le bâtiment réel n’avait ni « premier, » ni « dernier. » Il était de briques et non pas de pierres, et son toit n’offrait aucune des beautés particulières de « l’ordre composite. » Il avait été construit à une époque trop primitive pour cette école ambitieuse. Mais l’auteur donna librement carrière à ses souvenirs lorsqu’il eut passé le seuil de la porte. Dans l’intérieur tout est littéral jusqu’à la patte de loup et l’urne qui contenait les cendres de la reine Didon[1].

L’auteur a dit quelque part que le caractère de Bas-de-Cuir était une création rendue probable par les auxiliaires nécessaires pour lui donner naissance. S’il s’était livré davantage à son imagination, les amateurs de fictions n’auraient pas trouvé tant de causes pour leurs critiques sur cet ouvrage. Cependant le portrait n’au-

  1. Quoique des forêts couronnent encore les montagnes de l’Otsego, l’ours, le loup et la panthère sont presque devenus étrangers à ce district. On voit rarement l’innocent chevreuil bondir sous leurs arceaux de verdure, car la carabine et l’activité du planteur les ont repoussés dans d’autres parages. Il faut ajouter à ce changement (fort triste sous quelques rapports pour celui qui fut témoin de l’enfance de cette contrée) que l’Otsego commence à devenir avare de ses trésors.