Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/93

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de M. Richard Jones ; tous les dimanches elle avait le titre d’église, et servait invariablement de lieu de réunion pour l’exercice du culte religieux.

Lorsque quelque missionnaire ambulant, méthodiste, anabaptiste, universaliste ou presbytérien se trouvait dans les environs, on l’invitait ordinairement à y célébrer le service divin, et on le récompensait de ses travaux apostoliques par une collecte qu’on faisait dans un chapeau avant que la congrégation se séparât. À défaut de ministre régulier, quelque membre de l’assemblée prononçait une prière en impromptu, et M. Jones lisait ensuite un sermon de Sterne.

Le résultat d’un culte religieux si précaire, et dirigé par des ministres dont les principes, loin de s’accorder entre eux, étaient quelquefois diamétralement opposés, fut une grande diversité d’opinions sur les points les plus abstraits de notre foi. Chaque secte avait ses adhérents, quoique aucune ne fût régulièrement organisée. Nous avons déjà parlé des sentiments religieux de Marmaduke ; il était né quaker, mais il avait été élevé dans une ville où l’on professait la foi de l’église épiscopale ; sa mère et son épouse avaient suivi la même religion, et s’il n’en adoptait pas lui-même tous les dogmes, du moins il en prenait les formes sans répugnance. Quant à Richard, il en était un zélé sectateur. Inflexible dans ses opinions, il avait même, à plusieurs reprises, essayé d’introduire les formes de l’église épiscopale, les jours où la chaire n’était pas occupée par un ministre régulier ; mais, comme il était habitué à porter les choses à l’excès, il se fit soupçonner de donner dans le papisme. Dès la seconde fois, la plupart de ses auditeurs l’abandonnèrent, et, le troisième dimanche, il ne lui resta que le fidèle Ben-la-Pompe.

Avant la guerre de la révolution, la mère patrie soutenait l’église anglicane dans les colonies ; mais pendant cette guerre, et après que l’indépendance des États-Unis eut été reconnue, cette secte chrétienne tomba dans un état de langueur, faute d’évêques. Enfin, des ministres aussi pieux qu’instruit se rendirent en Angleterre pour y obtenir cette qualité, qui, d’après les principes de cette religion, ne peut se transmettre que de l’un à l’autre. Mais des difficultés inattendues se présentèrent dans les serments que la politique anglaise avait exigés de ses prélats, et il se passa quelque temps avant que la conscience de ceux-ci leur permît de