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LA PRAIRIE.


Remarquez son état ; voyez les événements, et dites-moi si c’est là un frère ?
Shakspeare. La Tempête, act. I, scène ii.



CHAPITRE PREMIER.


Je t’en prie, berger, si l’affection ou l’or peuvent procurer des rafraîchissements dans ce lieu désert, conduis-nous là où nous pourrons nous reposer et prendre quelque nourriture.
Shakspeare. Comme il vous plaira.



On a beaucoup parlé et beaucoup écrit dans les temps sur la question de savoir s’il était politique de réunir les vastes contrées de la Louisiane au territoire déjà immense, et seulement à demi habité, des États-Unis ; cependant, quand la chaleur de la discussion se fut un peu calmée, et que les motifs d’intérêt personnel eurent fait place à des idées plus libérales, on commença généralement à convenir de la sagesse de la mesure. Il devint bientôt évident, même pour le cerveau le plus étroit, que, tandis que la nature avait arrêté à l’ouest notre population par une barrière de déserts, cette mesure nous avait rendus maîtres d’une ceinture de contrées fertiles, qui, dans les révolutions journalières, auraient pu devenir la possession d’une nation rivale. Elle nous donnait exclusivement la clé d’un grand commerce intérieur, et mettait entièrement sous notre dépendance les féroces tribus de sauvages qui habitent le long de nos frontières. Elle conciliait des intérêts opposés, et calmait des méfiances nationales ; elle ouvrait mille