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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/202

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Tout occupé du nouveau danger qui menaçait son épouse, Middleton ne songea guère à Hélène ; et il est inutile de dire que le docteur Battius n’attendit pas un second avis pour se mettre en marche et commencer sa retraite.

Suivant la route indiquée par le vieux Trappeur, la petite troupe tourna autour du rocher et s’enfonça ensuite dans la Prairie, de manière à être cachée aux yeux de ceux qui pouvaient arriver par l’éminence derrière laquelle elle marchait.

Paul Hover fut le seul qui ne changea pas de place, et il resta appuyé d’un air sombre sur son fusil. Près d’une minute se passa avant qu’Hélène l’aperçût, car elle avait mis la main sur ses yeux comme pour se cacher à elle-même l’isolement complet dans lequel elle se croyait.

— Pourquoi ne fuyez-vous pas ? s’écria-t-elle en pleurant, dès qu’elle vit qu’elle n’était pas seule.

— Je ne suis pas accoutumé à fuir.

— Mon oncle va arriver ; vous n’avez rien à espérer de sa pitié.

— Ni de celle de sa nièce, à ce qu’il me semble. Qu’il vienne ! il ne peut que me tuer.

— Paul ! Paul ! si vous m’aimez, fuyez !

— Seul ! Si j’en fais rien, je veux être…

— Si vous faites cas de votre vie…

— Elle n’est rien pour moi si je vous perds.

— Paul !

— Hélène !

Elle étendit les bras et versa un nouveau déluge de larmes. Le chasseur d’abeilles lui passa un bras autour de la taille, l’entraîna doucement, et prit avec elle le chemin de la plaine pour rejoindre ses compagnons.


CHAPITRE XVII.


Approchez de la chambre, et qu’une autre Gorgone prive vos yeux de la vue : ne me dites pas de parler ; voyez et parlez vous-même.
Shakspeare



Le petit ruisseau qui fournissait de l’eau à la famille du squatter, et qui avait nourri les arbres et les buissons près de la base