Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/307

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Il réfléchit quelques instants en lui-même, et ensuite il répondit du ton d’un homme dont l’opinion est irrévocablement fixée :

— Les Dahcotahs ne sont pas endormis, dit-il ; il faut nous coucher dans l’herbe.

— Ah ! le brave garçon pense comme moi, reprit le vieillard après avoir expliqué en peu de mots l’avis du jeune Indien à ses compagnons. Middleton fut obligé de se rendre à leurs raisons, et comme il y avait un danger palpable à rester debout, chacun s’occupa des mesures à prendre pour la sûreté générale. On forma une espèce de lit pour Hélène et Inez avec les peaux de buffle, et au-dessus de ces couvertures chaudes et épaisses, on ramassa de grandes herbes de manière à dérober, s’il était possible, ce lieu de refuge à tous les regards. Paul et le Pawnie débridèrent les chevaux, les firent coucher à terre, et après leur avoir donné à manger, ils les laissèrent également cachés dans l’herbe épaisse de la Prairie. Tous ces arrangements terminés, les hommes ne perdirent pas un instant pour s’occuper d’eux-mêmes ; chacun d’eux choisit la place qui lui parut convenable, et la plaine parut rendue à sa solitude accoutumée.

Le vieillard avait fait sentir à ses compagnons la nécessité absolue de rester ainsi cachés pendant plusieurs heures de suite. Tout leur espoir d’échapper à leurs ennemis reposait sur le succès de cet artifice. S’ils parvenaient à leur donner le change par cet expédient bien simple, et par cela même moins suspect, ils pourraient continuer leur fuite à l’entrée de la nuit, et, en changeant de route, augmenter encore les chances en leur faveur. Chacun d’eux, immobile à sa place, réfléchissait à sa situation, et pesait mûrement ces considérations importantes ; mais bientôt les idées devinrent confuses, et, grâce à l’influence de la fatigue, le sommeil ferma toutes les paupières.

Il y avait plusieurs heures que le plus profond silence régnait parmi eux, lorsqu’un faible cri de surprise jeté par Inez retentit aux oreilles exercées du Trappeur et du jeune Pawnie. En un instant ils furent sur pied, s’apprêtant à vendre chèrement leurs vies, lorsqu’ils s’aperçurent que la vaste plaine, la petite colline, et les bouquets d’arbres épars, etaient couverts également d’une couche éclatante de neige.

— Le Seigneur ait pitié de nous tous ! s’écria le vieillard en jetant un regard consterné autour de lui. Je vois maintenant pourquoi le Pawnie étudiait les astres avec tant de soin ; mais il