Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/311

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trent quelquefois pour des scènes qui ne sont guère moins affreuses. Les hommes étaient divisés par petits groupes, suivant le renom ou les hauts faits des différents individus.

Ceux qui étaient encore dans cet âge équivoque qui leur donnait le droit de chasser, mais qui ne garantissait pas encore assez leur prudence pour qu’ils fussent admis sur le sentier de la guerre, formaient un cercle autour de tous les autres, mais à une distance respectueuse, et ils cherchaient à imiter ce maintien grave, cette réserve dont ils voyaient de nobles exemples devant eux, et qui devait les distinguer si éminemment à leur tour. Quelques-uns, d’un âge un peu plus avancé, et qui avaient déjà pousse le cri de guerre, se tenaient un peu plus près des chefs, sans oser cependant prendre part à leurs délibérations, et regardant comme une assez grande faveur de pouvoir recueillir les sages paroles qui sortaient de bouches si vénérées. La foule des guerriers, encore plus hardis, n’hésitaient pas à se mêler aux chefs du second rang ; mais ils ne se permettaient jamais de contredire l’opinion d’un brave reconnu, ni de mettre en doute la prudence des mesures qui étaient proposées par les conseillers les plus expérimentés de la nation.

Parmi les chefs eux-mêmes, il était facile de reconnaître des distinctions, assez frappantes. Ils pouvaient se diviser en deux classes : ceux qui devaient la plus grande partie de leur influence à la force physique et à de hauts faits d’armes, et ceux qui s’étaient fait une réputation de sagesse plutôt que de bravoure. La première classe était de beaucoup la plus nombreuses et la plus importante. C’étaient des hommes d’une haute stature, dont les traits, naturellement durs et farouches le paraissaient encore plus à cause des nombreux sillons que la main de leurs ennemis y avait tracés, cicatrices ineffaçables dont ils se faisaient gloire. La classe de ceux qui avaient pris sur leurs compagnons un ascendant moral était extrêmement restreinte ; on les distinguait à l’expression vive et rapide de leurs regards, à l’air de méfiance qui marquait leurs mouvements, et aussi à la véhémence de leurs gestes lorsque, prenant toute coup la parole, ils manifestaient leur opinion sur la grande question qui semblait les occuper alors.

Au milieu d’un cercle formé par ces conseillers d’élite, on remarquait la personne de Mahtoree, qui cachait sous un extérieur calme les passions qui le dévoraient. On eût dit qu’il réunissait en lui seul toutes les qualités différentes qui distinguaient ses