Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/367

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Ce fut dans ce moment que Mahtoree, ayant achevé les dispositions nécessaires, se prépara à faire un mouvement plus décisif. Le Teton n’avait pas éprouvé peu d’embarras à disposer de ses prisonniers. Les tentes du squatter étaient encore en vue, et sa prudence aux aguets ne manquait pas ne lui apprendre qu’il était tout aussi nécessaire de se tenir en garde contre une attaque de ce côté, que de surveiller les opérations de ses ennemis plus actifs, qui du moins ne se cachaient pas. Son premier mouvement avait été de se défaire des hommes à l’aide du tomanawk, et de mettre les femmes sous la même protection que celles de sa troupe ; mais les sentiments de crainte et de respect avec lesquels plusieurs de ses guerriers continuaient à regarder le grand médecin des Longs-Couteaux, l’avertirent du danger de faire une expérience aussi hasardeuse au moment d’une bataille. On pourrait regarder cet attentat comme le présage d’une défaite. Il changea aussitôt d’avis, appela un vieux guerrier auquel il avait confié le commandement de ceux qui ne pouvaient le suivre sur le sentier de la guerre, et le prenant à l’écart, il lui posa la main sur l’épaule, et lui dit d’un ton où l’autorité semblait tempérée par la confiance.’

— Quand mes jeunes guerriers tomberont sur les Pawnies, donnez des couteaux aux femmes. Il suffit ; mon père est bien vieux ; il n’a pas besoin d’apprendre la sagesse de la bouche d’un enfant.

Le vieux sauvage lui fit entendre par un affreux sourire qu’il exécuterait ses ordres, et le chef, ayant l’esprit en repos sur ce point important, ne s’occupa plus que du soin d’assurer sa vengeance et de soutenir sa réputation de bravoure. Se jetant à cheval, il fit signe, d’un air de prince, à ses compagnons, d’imiter son exemple, ne se faisant aucun scrupule d’interrompre les chants de guerre et les cérémonies solennelles, par lesquels plusieurs d’entre eux cherchaient à aiguiser leur courage et à exciter leur enthousiasme. Quand il vit chacun à son rang, il donna l’ordre du départ, et les Sioux se dirigèrent en bon ordre et en silence vers le bord de l’eau.

Les deux troupes n’étaient plus séparées que par la rivière ; mais elle était trop large pour que les armes ordinaires des Indiens pussent parvenir jusqu’à l’autre rive. Les chefs échangèrent quelques coups de fusil, plutôt par bravade que dans l’espoir qu’ils pussent produire quelque effet. Comme pendant quelque