Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/407

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CHAPITRE XXXII.


Et je vous conjure, faites une fois plier la loi à votre autorité ; faites un peu de mal pour produire un grand bien.
Shakspeare



Ismaël attendit longtemps et avec patience que la petite troupe qui le quittait fût tout à fait hors de vue. Ce ne fut que lorsque celui de ses fils qu’il avait envoyé à la découverte vint lui dire que le dernier traîneur de la suite d’Indiens qui attendaient leur chef à une assez grande distance du camp pour que leur nombre ne donnât aucune inquiétude, avait disparu derrière les collines ondoyantes de la Prairie, que le squatter donna l’ordre d’abattre ses tentes. Les chevaux étaient déjà attelés, et les meubles furent bientôt transportés de leurs places ordinaires dans les différentes voitures. Lorsque tous ces arrangements furent terminés, le petit chariot qui avait été si longtemps la prison d’Inez fut amené devant la tente où l’on avait déposé le corps d’Abiram, et quelques préparatifs furent évidemment faits pour y recevoir un nouveau prisonnier. Ce fut alors seulement, lorsque Abiram parut, pâle, défait, écrasé sous le poids de sa conscience coupable, que les jeunes membres de la famille apprirent qu’il était encore au nombre des vivants. Une opinion générale et superstitieuse s’était répandue parmi eux, que la main de Dieu s’était déjà appesantie sur Abiram, et que son crime avait attiré sur sa tête un châtiment aussi soudain que terrible ; et ils le regardaient comme un être qui appartenait déjà à l’autre monde plutôt que comme un homme qui avait à supporter comme eux la dernière agonie avant que l’anneau qui le liait encore à la chaîne de la vie fût rompu pour toujours.

Le criminel lui-même paraissait être dans un état de terreur où l’irritation nerveuse la plus violente luttait contre une complète apathie physique. La vérité était que, tandis que toute sa personne était comme engourdie par un choc si inattendu, son esprit naturellement inquiet et craintif le retenait dans une cruelle agitation sans relâche. Dès qu’il se trouva en plein air, il regarda autour de lui, afin de lire, s’il était possible, le sort qu’on lui destinait,