Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/424

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sentiment d’inquiétude dans le cœur de Paul et de Middleton.

La cérémonie des adieux fut longue et imposante. Chaque guerrier pawnie eut soin de n’oublier aucun étranger dans les attentions qu’il prodiguait à ses hôtes. La seule exception, et encore fut-elle loin d’être générale, fut à l’égard du docteur Battius. Un assez grand nombre de jeunes Indiens ne se montrèrent pas, il est vrai, très-empressés de faire de grandes avances à un homme d’une profession aussi douteuse ; mais le digne naturaliste trouva quelques consolations dans les égards que lui témoignèrent les vieillards qui avaient compris que, si le médecin des Longs-Couteaux n’était pas d’une grande utilité pendant la guerre, il pouvait du moins rendre quelques services pendant la paix.

Lorsque toute la troupe de Middleton fut embarquée, le Trappeur prit un petit paquet qui était resté à ses pieds pendant les opérations précédentes, puis il se mit à siffler pour appeler Hector auprès de lui, et il fut le dernier à prendre place sur le bateau. Les artilleurs poussèrent les acclamations d’usage, les Indiens y répondirent par de grands cris, et la barque, entrant dans le courant, commença à descendre légèrement la rivière.

Un long silence causé par la réflexion, sinon par un sentiment de tristesse, suivit ce départ. Il fut rompu en premier lieu par le Trappeur, dont les traits mornes et abattus exprimaient éloquemment les regrets qu’il éprouvait.

— C’est une brave et honnête tribu, dit-il ; oui, je ne craindrai pas de affirmer hautement, et qui ne le cède qu’à ce peuple autrefois puissant, aujourd’hui disséminé, les Delawares des montagnes. Ah ! capitaine, si vous aviez vu autant de bien et de mal que j’en ai vu dans ces nations de Peaux-Rouges, vous connaîtriez combien il y a encore de guerriers parmi eux dont on ne saurait trop admirer la bravoure et la simplicité. Je sais qu’il se trouve des gens qui pensent et qui disent qu’un Indien ne vaut pas beaucoup mieux que les bêtes de ces plaines ? Mais il faut être bien honnête soi-même pour s’établir juge de l’honnêteté des autres. Sans doute ils connaissent leurs ennemis, et ils s’inquiètent peu de leur témoigner beaucoup d’amour et de confiance.

— C’est dans le caractère de l’homme, répondit le capitaine, et il est probable qu’ils ne sont dépourvus d’aucune de ces qualités naturelles.

— Non, non, il ne leur manque rien de ce que donne la nature. Mais celui qui na jamais vu qu’un Indien ou qu’une peu-