sécurité. — Avec un navire si excellent, un bon marin n’est jamais embarrassé.
— Monsieur Wilder, répondit la gouvernante, j’ai vu souvent l’élément terrible sur lequel vous vivez, il est donc inutile de chercher à me tromper. Je sais que vous pressez la marche de ce bâtiment au-delà de ce qui est ordinaire. Avez-vous des motifs suffisans pour justifier cette témérité.
— Madame, j’en ai.
— Et doivent-ils, comme tant d’autres de vos motifs, rester à jamais ensevelis dans votre sein ; ou ne pouvons-nous pas en partager la connaissance, nous qui devons en partager également les suites ?
— Puisque vous connaissez si bien ma profession, madame, répondit le jeune marin en souriant légèrement, mais d’un ton que rendait peut-être encore plus alarmant l’effort surnaturel qu’il faisait sur lui-même, je n’ai pas besoin de vous dire que, pour faire marcher un navire contre le vent, il est nécessaire d’en déployer les voiles.
— Vous pouvez du moins répondre plus directement à une autre question. Ce vent est-il assez favorable pour passer les dangereux écueils d’Hatteras ?
— J’en doute.
— En ce cas, pourquoi ne pas retourner à l’endroit d’où nous sommes partis ?
— Y consentiriez-vous ? demanda le jeune marin avec la vitesse de la pensée.
— Je voudrais aller retrouver mon père ! s’écria Gertrude avec une vivacité si semblable à celle de Wilder, que la chaleur avec laquelle elle s’exprimait fit que l’haleine sembla lui manquer en prononçant ce peu de mots.
— Je suis disposée, monsieur Wilder, dit la gouvernante d’un ton calme, à quitter ce bâtiment. Je ne vous demande pas l’explication de tous vos avis mystérieux ; rendez-nous à nos amis de Newport, et je ne vous ferai plus aucune question.
— Cela pourrait se faire, murmura notre aventurier. — Cela serait possible ; — il ne faudrait, que quelques heures bien employées avec un pareil vent. — Monsieur Earing !
Le lieutenant fut à l’instant près de lui. Wilder lui montra le point obscur qui était toujours sous le vent, et lui donnant sa