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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/315

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— J’espère que vous avez appris à ce misérable à être plus circonspect.

Le Corsaire regarda son compagnon en face, et répondit avec un sourire amer :

— Il n’a jamais répété cette offense. Il fallait son sang ou le mien, et il paya chèrement sa brutalité.

— Vous vous êtes battus en hommes, et la fortune a favorisé celui qui avait été insulté ?

— Oui, nous nous sommes battus… mais j’avais eu l’audace de lever la main contre un habitant de l’île privilégiée !… C’en fut assez, monsieur Wilder ; le roi poussa à bout un fidèle sujet, et il a eu lieu de s’en repentir. — Mais c’en est assez pour le moment ; une autre fois je pourrai vous en dire davantage… Bonsoir.

Wilder vit son compagnon descendre l’échelle qui conduisait au tillac, et il resta seul, livré à ses pensées, pendant le reste d’un quart qui sembla sans fin à son impatience.


CHAPITRE XXII.


« Elle me regarda avec tant de bienveillance qu’elle en parut troublée ; elle avait peine à s’exprimer, et ses paroles trahissaient son émotion. »
ShakspeareLe Jour des Rois.


Bien que la plupart des hommes de l’équipage du Dauphin dormissent ou dans leurs hamacs ou parmi les canons, il y avait des yeux qui ne s’étaient pas encore fermés dans une autre partie du bâtiment. Le Corsaire avait cédé sa cabine à Mrs Wyllys et à Gertrude, du moment qu’elles étaient entrées sur le vaisseau.