Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/41

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Homespuns, laissant le chef de cette ancienne famille, comme beaucoup de ses ancêtres et sans doute de ses descendans, tellement absorbé par le sentiment de sa grandeur future, et si aveuglé par sa folie, que quoique physiquement il vît à gauche et à droite aussi bien que jamais, les yeux de son âme étaient complètement obscurcis par les fumées de l’ambition.


CHAPITRE III.


Alonzo : « Bon contre-maître, prenez garde. »
ShakspeareLa Tempête.


À peine l’étranger eut-il quitté le crédule tailleur, que sa figure perdit son expression empruntée pour en prendre une plus calme et plus naturelle. Néanmoins il semblait que la réflexion n’était pour lui ni une habitude ni un plaisir, car, donnant plusieurs coups de badine sur sa botte, il entra dans la principale rue de la ville d’un pas léger et d’un air distrait. Malgré cette distraction apparente, il ne laissait passer presque personne que son coup d’œil rapide n’eût passé en revue ; et il était évident, d’après l’empressement qu’il mettait à tout examiner, que son esprit n’était pas moins actif que son corps. Un étranger dans cet équipage, portant sur sa personne tant de preuves qu’il venait de faire une longue route, ne manqua pas d’attirer l’attention des aubergistes prévoyans dont nous avons eu occasion de parler dans notre premier chapitre. Sourd aux politesses empressées de ceux qui étaient le plus en vogue, il s’arrêta, par une bizarrerie assez singulière, chez celui dont la maison était le rendez-vous ordinaire de tous les oisifs du port.