Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/435

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— Encore deux de la même bande ! continua le général en levant son sabre pour porter à l’orateur un coup qui aurait terminé ses jours.

Un corps noir, à demi nu, s’avança pour recevoir la lame qui descendait, et qui tomba sur le manche d’une demi-pique, qu’elle coupa comme si c’eût été un roseau. Quoique se trouvant sans défense, Scipion ne fut pas effrayé ; il se fraya un chemin jusqu’en avant de Wilder, et, le corps nu jusqu’à la ceinture, il combattit : sans autre arme que ses bras nerveux, en homme qui méprisait les coups de toute espèce dont son corps athlétique, mais sans défense, devint sur-le-champ le but.

— Ferme ! Guinée, s’écria Fid, donnez-leur-en de droite et de gauche ; voici quelqu’un qui vous soutiendra, dès qu’il aura fait avaler son grog et cet ivrogne de soldat de marine. Les parades et la science du malheureux général ne lui furent en ce moment d’aucune ressource contre un coup de sabre de Richard, qui, tombant sur son armure défensive, traversa son casque et lui fendit la tête jusqu’à la mâchoire.

— Arrêtez, meurtriers ! s’écria Wilder, qui vit des coups sans nombre se diriger vers le corps sans défense du nègre qui continuait à combattre ; frappez de ce côté, et épargnez un homme sans armes !

La vue de notre aventurier se troubla quand il vit tomber le nègre, entraînant dans sa chute deux de ceux qui l’attaquaient ; et en ce moment une voix aussi forte que l’émotion que pouvait causer une pareille scène, s’écria presque à son oreille :

— Le combat est fini ! Quiconque frappe un coup de plus se fait un ennemi de moi.


CHAPITRE XXXI.


« Emmenez-les ; l’univers tout entier ne les sauverait pas. »
ShakspeareCymbeline.


L’ouragan qui avait menacé d’engloutir le vaisseau n’avait été