Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/78

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lange de luxe et d’apprêts militaires. La lampe, suspendue au plafond, était d’argent massif, et, malgré les changemens qu’on y avait faits pour l’adapter à la place, il y avait encore dans la coupe et dans les ornemens quelque chose qui trahissait qu’elle avait dû éclairer autrefois un sanctuaire plus auguste et plus sacré. D’énormes chandeliers du même métal, et qui avaient dû évidemment aussi figurer dans une église, étaient posés sur une table vénérable, dont l’acajou brillait encore du vernis d’un demi-siècle, et dont les griffes dorées et les pieds ciselés annonçaient une destination première bien différente du service ordinaire d’un vaisseau. Un canapé couvert de velours épinglé était du côté de la barre d’arcasse, tandis qu’on voyait en face un divan de soie bleue, dont la forme, l’étoffe et les piles de coussins prouvaient que l’Asie elle-même avait été mise à contribution par le riche possesseur de cet appartement. Après ces meubles qui frappaient les premiers la vue, ou remarquait encore des glaces, des miroirs, de l’argenterie, et même des tentures ; mais il n’était pas une seule pièce de l’ameublement qui n’eût dans sa forme ou dans sa disposition quelque chose de particulier qui assignait à chacune d’elles une origine différente. En un mot, la recherche et l’élégance semblaient avoir été consultées beaucoup plus que le goût et l’harmonie, pour le choix de la plupart de ces objets, qui paraissaient avoir été rassemblés indistinctement, à mesure qu’ils flattaient un caprice, on qu’ils attiraient les regards du maître somptueux.

Au milieu de ce mélange de luxe et de richesse se montraient les sinistres instrumens de la guerre. La cabine renfermait quatre de ces sombres canons dont le poids et le nombre avaient attiré les premiers l’attention de Wilder. Quoiqu’ils fussent placés si près des objets de luxe que nous venons de décrire, il n’était pas difficile de s’apercevoir qu’ils étaient disposés de manière à pouvoir servir au premier moment, et que cinq minutes suffiraient pour dépouiller la place de tout l’attirail du luxe, pour en faire une batterie terrible et bien protégée. Des pistolets, des sabres, des demi-piques, des haches, en un mot toutes les armes du marin, étaient arrangées autour de la chambre, de manière à servir en quelque sorte de décoration guerrière, et à se trouver en même temps à portée de la main.

Autour du mât était un amas de mousquets, et de grosses barres de bois, évidemment faites pour pouvoir être posées en courbâ-