Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/92

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et cordial, et il laissa, en se retirant, son nouveau maître seul en possession de la cabine.


CHAPITRE VII.


« Est-il quelque loi qui puisse enrichir ? Non. Eh bien ! romps avec elle, et prends ceci. — Ma pauvreté y consent, mais non ma volonté. »
ShakspeareRoméo et Juliette.


Le Corsaire s’arrêta au moment où Wilder disparut, et il resta plus d’une minute dans l’attitude du triomphe. Il était évident qu’il se félicitait de son succès ; mais, quoique sa figure expressive peignît la satisfaction de l’homme intérieur, ce n’étaient pas les élans d’une joie vulgaire ; on y voyait plutôt le plaisir d’être délivré tout à coup d’une mortelle inquiétude, que celui de s’être assuré les services d’un brave jeune homme. Peut-être même un observateur attentif aurait-il pu découvrir une ombre de regret au milieu de son sourire triomphant et des brillans éclairs que lançaient ses regards. Mais ces sensations ne furent que passagères, et il reprit bientôt l’air libre et dégagé qui lui était ordinaire.

Après avoir laissé à Roderick le temps nécessaire pour conduire Wilder à l’endroit qui lui avait été désigné, et pour le mettre en possession des réglemens qui concernaient la police du vaisseau, le capitaine toucha de nouveau le gong et appela pour la troisième fois son jeune serviteur ; celui-ci dut pourtant s’approcher contre son maître et parler trois fois avant que le Corsaire parût s’apercevoir de sa présence.

— Roderick, dit-il enfin après une longue pause, êtes-vous là ?

— Oui, répondit une voix basse et qui avait une expression de tristesse.