Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sépara les colonies de la mère-patrie. Le lieu de la scène fut un établissement près du célèbre mont Hope, dans Rhode-Island, où Metacom et son père avaient souvent tenu leurs conseils. De ce point, les massacres s’étendirent sur toute la frontière de la Nouvelle-Angleterre ; on enrôla des troupes de cavalerie et d’infanterie pour faire face à l’ennemi ; des villes furent mises en cendres, des familles furent massacrées, souvent sans distinction d’âge ni de sexe.

Dans aucune querelle avec les naturels du pays le pouvoir naissant des blancs ne courut un si grand danger que dans cette guerre célèbre avec le roi Philip. Le vénérable historien du Connecticut évalue le nombre des morts au dixième des combattants, et la destruction des maisons et des édifices dans une égale proportion. Une famille sur onze vit ses propriétés ravagées par les flammes dans toute la Nouvelle Angleterre. Comme les colons qui habitaient près des bords de la mer furent exempts du danger, on peut se faire une idée, d’après ce calcul, des périls et des souffrances de ceux qui demeuraient dans des lieux plus exposés. Les Indiens souffrirent en proportion des maux qu’ils causèrent. Les principales nations déjà mentionnées furent réduites au point de ne plus offrir dans la suite aucune résistance sérieuse, et les blancs parvinrent enfin à transformer leurs anciennes forêts en champs fertiles et en demeures convenables à l’homme civilisé. Metacom, Miantonimoh et Conanchet, ainsi que leurs guerriers, sont devenus les héros des chansons et des légendes, et les descendants de ceux qui renversèrent leur pouvoir, qui détruisirent leur race, rendent un tardif hommage à leurs actes de courage et à la sauvage grandeur de leur caractère.