Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/172

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faire plus encore ? Demande merci pour ces enfants d’une manière qui puisse toucher le cœur de ton peuple.

Miantonimoh secoua la tête, et montrant le cadavre hideux qui était dans la cour, il répondit froidement :

— L’homme rouge a goûté au sang.

— Alors il faut essayer cette tentative désespérée ! Ne t’occupe pas des enfants, mère dévouée et courageuse, mais pense à ta propre sûreté. Ce jeune garçon et moi nous nous chargerons du soin de ces innocentes créatures.

Ruth repoussa l’étranger, et pressa sa fille muette et tremblante contre son sein, de manière à montrer que sa résolution était prise. L’étranger céda, et se tournant vers Whittal qui était auprès de lui, et plus occupé de son admiration pour l’incendie que de son danger personnel, il lui ordonna de veiller à la sûreté de l’autre petite fille. Se plaçant à la tête de la troupe, il était sur le point d’offrir à Ruth les secours qu’il pouvait lui accorder dans une semblable circonstance, lorsqu’une fenêtre du derrière de la maison fut arrachée, annonçant l’approche de l’ennemi et le danger imminent que courait la petite troupe de voir intercepter sa fuite. Il n’y avait point de temps à perdre, car il était évident qu’une simple chambre la séparait de l’ennemi ; la générosité des sentiments de Ruth fut éveillée, et prenant Martha des bras de Whittal Ring, elle essaya, par un effort désespéré, d’envelopper les deux enfants dans sa robe.

— Je suis avec vous, dit-elle à voix basse dans une agitation qui tenait du délire, taisez-vous, taisez-vous, enfants, votre mère est près de vous !

L’étranger s’occupait d’une manière différente. Au moment où il entendit le craquement des carreaux de la fenêtre, il se précipita en arrière et fut bientôt aux prises avec le sauvage que nous avons déjà nommé, et qui servait de guide à une douzaine de ses cruels compagnons.

— À la forteresse ! cria le brave soldat tandis que d’une main puissante il retenait son ennemi à l’entrée de l’étroit passage, empêchant ainsi d’approcher ceux des sauvages qui se trouvaient derrière lui. Si tu tiens à la vie et à tes enfants, femme, rends-toi à la forteresse.

Ces paroles retentirent aux oreilles de Ruth effrayée ; mais dans ce moment d’affreux danger elle perdit toute présence d’esprit. Ce cri fut encore répété et ce ne fut qu’alors que Ruth sai-