Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/178

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vanités de sa jeunesse lorsqu’il se rappelle le temps où il portait ces habits.

Cette conjecture fut approuvée généralement ; mais la vue d’une nouvelle provision d’aliments corporels, qui étaient amassés de manière à donner accès presque jusqu’au toit, eût fourni aux habitants des frontières un nouveau genre d’observation si le temps leur en eût été laissé ; mais au même moment un cri d’effroi fut poussé par les servantes qui remplissaient les baquets dans la chambre au-dessous.

— Aux meurtrières ! ou nous sommes perdus.

C’était un appel auquel il fallait obéir sans délai. Conduits par l’étranger, les jeunes gens descendirent avec précipitation, et trouvèrent en effet à exercer leur activité et leur courage. Les Indiens avaient toute la sagacité qui distinguait d’une manière si remarquable les guerres de cette race subtile. Le temps que les planteurs avaient employé à éteindre les flammes n’avait pas été perdu par les assaillants. Profitant de l’attention que donnaient les assiégés à un travail de la dernière importance, ils avaient trouvé moyen de transporter des tisons à la porte de la forteresse, contre laquelle ils avaient amassé des matières combustibles qui menaçaient d’ouvrir bientôt un accès dans les fondements de la citadelle. Afin de cacher leur dessein et de protéger leur approche, les sauvages avaient réussi à traîner des monceaux de paille et autres matières semblables jusqu’au pied de la forteresse, à laquelle le feu se communiqua bientôt, ce qui servit en même temps à augmenter le danger que courait le bâtiment, et à diviser l’attention de ceux qui le défendaient. Bien que l’eau qui tombait du toit servît à retarder les progrès des flammes, elle contribua aussi à produire l’effet que les sauvages désiraient avec le plus d’ardeur. Les nuages de fumée qui s’élevaient d’un feu à moitié éteint avertirent les femmes du nouveau danger qui les menaçait. Lorsque Content et l’étranger atteignirent le premier étage de la citadelle, il leur fallut un peu de temps et un grand sang-froid pour examiner tout ce que leur situation avait de dangereux. La vapeur qui s’élevait de la paille et du foin mouillés avait déjà pénétré dans l’appartement, et ce n’était pas sans difficulté que ceux qui venaient d’y entrer pouvaient distinguer les objets et même respirer.

— Voici de quoi exercer tout notre courage, dit l’étranger à son compagnon. Il faut porter toute notre attention sur ce nou-