Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/248

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si loin des événements journaliers de la chrétienté peut ignorer l’effet que ce châtiment a produit sur les sauvages.

L’infatigable Conanchet ne se tient pas encore pour vaincu ; il a abandonné ses villages et s’est réfugié dans les bois, où il est presque toujours difficile à nos soldats civilisés de découvrir la position et la force de leurs ennemis. Il est facile de deviner ce qui en est résulté. Les sauvages ont attaqué et dévasté en tout ou en partie, le 6 de ce mois (dit-il en comptant sur ses doigts), Lancastre, d’où ils ont emmené plusieurs prisonniers ; le 10, Marlborough ; le 13, Groton et Warwick ; le 17, Rehoboth. Chelmsford, Andover, Weymouth et plusieurs autres places ont aussi grandement souffert depuis cette dernière date jusqu’au jour où j’ai quitté Son Honneur. Pierre de Scituate, brave guerrier, accoutumé coutumé à cette guerre d’embuscade, s’est trouvé coupé avec toute sa compagnie ; et Wadsworth, ainsi que Brocklebank, hommes connus et estimés par leur courage et leur science militaire, ont laissé leurs ossements dans les bois à côté de ceux de leurs malheureux compagnons.

— Ce sont des nouvelles bien faites pour nous faire pleurer sur la nature humaine, dit Content dont les regrets n’étaient nullement affectés sur un sujet si antipathique à son caractère plein de douceur. Il n’est pas facile de trouver un moyen pour arrêter les progrès de ce mal sans recourir encore une fois aux armes.

— Telle est l’opinion de Son Honneur et de tous ceux qui font partie de son conseil ; car nous connaissons suffisamment les démarches de l’ennemi pour être sûrs que le chef des esprits de ténèbres, en la personne de celui qu’on nomme Philippe, ne fait que courir sur toute la ligne des frontières pour représenter à toutes les tribus la nécessité de résister à ce qu’il appelle nos agressions, et pour les exciter à la vengeance par tous les expédients de l’astuce la plus subtile.

— Et quelles mesures a prises la sagesse de notre gouvernement dans un danger si pressant ?

— D’abord il a ordonné un jeûne général, afin de nous acquitter ensuite de nos devoirs en hommes purifiés par la lutte de l’esprit contre la chair, et par un examen attentif de nos consciences. Secondement, il recommande à toutes les congrégations d’agir avec une sévérité plus qu’ordinaire à l’égard de ceux qui s’arrêtent ou qui marchent reculons dans la carrière de la sain-