Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/29

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haut et d’une forme hexagone, surmonté d’un toit qui se terminait en pointe, sur laquelle s’élevant encore la hampe d’un pavillon. Les fondements de cet édifice étaient en pierre ; mais, à cinq ou six pieds au-dessus du sol, les côtés étaient construits de pièces de bois massives et carrées fortement unies par l’ingénieuse combinaison de leurs extrémités, aussi bien que par des supports perpendiculaires enfoncés très-près les uns des autres dans ces pièces de bois. Dans cette citadelle ou fort, c’est ainsi qu’on appelait le bâtiment que nous décrivons, il y avait deux rangées différentes de meurtrières longues et étroites ; mais il n’existait aucune fenêtre régulière. Cependant les rayons du soleil couchant glissaient par une ou deux petites ouvertures pratiquées dans le toit, et auxquelles on avait adapté une vitre, preuve évidente qu’on fréquentait quelquefois le sommet de ce bâtiment dans un autre but que celui de se défendre. Environ à mi-chemin des flancs du monticule sur lequel le bâtiment était placé, il y avait une ligne non interrompue de hautes palissades faites du tronc de jeunes arbres attachés ensemble par de doubles morceaux de bois de charpente placés horizontalement. Ces palissades étaient entretenues et réparées avec la plus grande vigilance. Cette forteresse des frontières avait un air soigné autant que commode ; et en considérant que l’usage de l’artillerie était inconnu dans ces forêts, elle ne manquait pas d’une apparence militaire.

À une courte distance de la base de la montagne se trouvaient les écuries et les étables : elles étaient entourées par une vaste enceinte de hangars grossiers, mais abrités du vent, sous lesquels les moutons et les bêtes à cornes étaient à l’abri des tempêtes et des hivers rigoureux de ce climat[1]. La surface des prairies, autour des bâtiments extérieurs, offrait une pelouse plus douce et plus riche que celles qui étaient à quelque distance, et es haies étaient plus artistement et peut-être plus solidement disposées, mais sans paraître plus utiles. Un immense verger,

  1. Les notions confuses des Européens sur le continent d’Amérique doivent surtout s’attribuer aux différences qui existent à beaucoup d’égards entre les deux hémisphères. Connecticut, où la scène de ce conte est placé, est situé à la latitude du sud de l’Italie, et cependant ses hivers sont aussi rudes que ceux du nord de l’Allemagne, tandis que ses étés produisent les fruits d’un climat chaud. Les côtes orientales des deux grands continents offrent plus ou moins cette même singularité, tandis que sur celles de l’occident le thermomètre s’élève à un degré moins élevé. Il n’est pas facile d’expliquer cette circonstance d’une manière satisfaisante, mais le fait semble certain.