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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/357

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n’était pas parvenu à deux cents pas du lieu où Soumission était caché, qu’il aperçut les Indiens suivant sa piste comme des limiers à la chasse du gibier. Sa course fut lente jusqu’au moment où il vit que les Indiens, ne s’occupant que de lui, avaient dépassé l’arbre ; alors la flèche que l’arc vient de lancer ne fut pas plus rapidement que Conanchet ne se précipita dans l’intérieur de la forêt.

La poursuite prit le caractère ingénieux d’une chasse indienne. Conanchet fut bientôt chassé de la partie ombragée de la forêt, et, obligé de se hasarder dans une partie plus découverte pendant une course de plusieurs milles, il traversa des montagnes, des ravins, des plaines, des rocs, des marais et des torrents, sans perdre courage, sans presque ressentir de fatigue. Dans de semblables circonstances, l’intelligence est encore plus utile que la vitesse. Les colons qui avaient été envoyés avec leurs alliés indiens pour intercepter la fuite de ceux qui avaient suivi le cours du ruisseau, se trouvèrent bientôt hors d’état de continuer leur course, et cette espèce de chasse ne fut plus suivie que par des hommes dont les membres étaient exercés et l’esprit fertile en expédients.

Les Pequots avaient un grand avantage par leur nombre. Les fréquents détours du fugitif traçaient un cercle d’environ un mille ; et lorsque ses ennemis se sentaient fatigués, ils se relevaient pour le poursuivre chacun à son tour. Les résultats sont faciles à prévoir. Après deux heures d’une course aussi rapide, le pied de Conanchet commença à se fatiguer, et sa course se ralentit ; épuisé par des efforts presque surnaturels, et ne respirant plus qu’avec peine, le courageux guerrier se prosterna contre terre, et resta pendant quelques minutes dans un état d’immobilité semblable à la mort. Pendant ce temps, son pouls agité devint plus calme, son cœur battit avec moins de violence, et la circulation du sang revint graduellement à son état naturel. Au moment où le chef sentait son énergie renaître par ce léger repos, il entendit derrière lui le bruit des mocassins ; il se leva, regarda l’espace qu’il venait de parcourir avec tant de peine, et s’aperçut qu’il n’était poursuivi que par un seul guerrier. L’espérance, pendant un instant, vint s’emparer de son cœur ; il prit son fusil, et le dirigea contre son adversaire ; il visa longtemps, avec calme ; le coup eût été fatal, si le bruit inutile de la platine ne lui eût rappelé l’état de son fusil. Il jeta de côté cette arme hors de service, et