Aller au contenu

Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et que n’ont pu trouer les princes et les rois,
Quand j’étais lieutenant du duc Rudolphe Trois
Et sergent de combat du bon empereur Charles,
Moi, Gottlob, haut seigneur de Ruhn, à qui tu parles.
Sache aussi que tous ceux qui portent de grands noms
Et qui se font broder en or sur leurs pennons
Des mots latins parlant de courage et de morgue
Ne savent point hurler des psaumes sous un orgue ;
Que leur musique, c’est le bruit des éperons,
C’est la note éclatante et fière des clairons,
Le frisson des tambours et le joyeux murmure
Des estocs martelant le cuivre d’une armure.
Sache aussi que je hais les frocards et tous ceux
Qui se cachent, poltrons, dans les cloîtres crasseux
Et ne lavent leurs mains qu’en prenant l’eau bénite.
Ainsi, tais-toi, bon frère, et m’obéis bien vite. »

Le moine vers le lit fit encore deux pas.
Redoute Dieu, qui passe et qui ne revient pas.
Margrave, il est encor temps de sauver ton âme.
Mais tu fus vil, tu fus cruel, tu fus infâme ;
Tu sembles aujourd’hui ne plus te souvenir
De tes crimes ; mais Dieu, qui les doit tous punir,
Se rappelle, et la liste au ciel en est gravée :