Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Puis, par un enfantin regard persuadant
L’autre qui lui faisait signe d’être prudent,
Et comme n’y pouvant résister, le vieux prêtre,
Au risque d’éveiller le charmant petit être,
Silencieusement le baisa sur le front.
Angelus ébaucha de son bras rose et rond
Ce geste vague et mou du réveil qui s’approche,
Tandis que, s’adressant en secret un reproche,
Vite se reculait le vieil audacieux,
Au fond très satisfait de voir s’ouvrir les yeux
De l’enfant, comme afin d’orienter ses voiles
Le marin est heureux du lever des étoiles.

L’enfant, qui s’éveilla doucement, leur sourit.

Alors, courbant le front, le bon curé le prit
Dans ses mains, que rendaient fébriles son grand âge,
Mais que la peur faisait trembler bien davantage ;
Et, se sentant le cœur plus inquiet encor
Que le jour où, vêtu de la chasuble d’or,
Et selon la promesse aux chrétiens garantie,
Pour la première fois il consacra l’hostie,
Il vint s’asseoir auprès du feu qui pétillait ;
Et, cependant qu’avec lenteur il dépouillait
L’enfant de ses haillons liés par des ficelles,