Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/259

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Leur mobilier, – il faut que du terme il réponde, –
Le portier s’assombrit : – C’est du tout petit monde,
Pensa-t-il. Néanmoins, leur humble logement
Étant payé le huit très-régulièrement,
Il corrigea son mot : – Du petit monde honnête.
Mais quand il sut l’instant de leur coup de sonnette,
Il ne se pressa plus pour tirer le cordon,
— Par dignité ! – La veuve avait pourtant bon ton,
Et, pour vivre, courait les leçons de solfége.
À l’heure où son cher fils revenait du collége,
Elle était de retour et faisait le dîner.
Le dimanche, ils allaient souvent se promener
Ensemble au Luxembourg, donnaient du pain aux cygnes
Et revenaient. C’était de ces misères dignes
Et qui, lorsqu’on leur veut montrer de l’intérêt,
Ont un pâle sourire et gardent leur secret.
Ils plurent aux voisins. D’abord froide, la loge
Désarma. Le concierge eut quelques mots d’éloge ;
Et quand, six ans plus tard, un soir, il eut appris
Que le jeune homme avait obtenu tous les prix,
Ce père, ému par tant de courage et de zèle,
Rêva ceci : – Plus tard ?… Pour notre demoiselle ?…
Or, ce jour-là, tandis que le rhétoricien,
Radieux de l’orgueil de sa mère et du sien,
Pour la vingtième fois lui montrait son trophée