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Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/315

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La maison, le buffet et ses vaisselles peintes,
La table, le poiré qui mousse dans les pintes,
La soupière de choux qui fume et qui sent bon
Entre les vastes plats de noix et de jambon,
La sœur et la maman priant, les deux mains jointes,
Avec leurs bonnets blancs et leurs fichus à pointes,
Et papa qui, pensant que je manque au souper,
Fait sa croix sur le pain avant de le couper.
Laissons cela. D’ailleurs je reviendrai peut-être.
Donc nous sommes campés sous le fort de Bicêtre
Avec Monsieur le Comte et tous ceux de chez nous.
Je vous écris ceci, mon sac sur les genoux,
Sous la tente, et le vent fait trembler ma chandelle.
Bicêtre est une sombre et forte citadelle,
Où des Bretons marins, de rudes compagnons,
Dorment dans le caban auprès de leurs canons,
Tout comme sur un brick à l’ancre dans la rade.
Aussi j’ai trouvé là plus d’un bon camarade
Parti depuis longtemps entre le ciel et l’eau,
Car Saint-Servan n’est pas bien loin de Saint-Malo,
Et nous avons vidé quelquefois un plein verre.
Mon bataillon était de la dernière affaire,
A preuve que Noël, le cadet du sonneur,
Comme on dit à Paris, est mort au champ d’honneur.
Il avait un éclat de bombe dans la cuisse.