Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t1, 1885.djvu/332

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Écrit par une main noire encor de l’amorce,
Qui provoque au combat fratricide et qui force
     Tes fils à s’égorger entre eux.

Après, nous descendrons dans les geôles profondes
Où tu verras, parmi les malfaiteurs immondes,
     Tristes, mais le cœur sans effroi,
Des vieillards doux et purs, des otages de guerre,
Des prêtres arrachés de l’autel où naguère
     Ils priaient encor Dieu pour toi.

Nous planerons alors sur la cité déserte :
Sauf un rauque clairon qui sonne au loin l’alerte,
     Ou le coup de canon d’un fort,
Ou le pavé broyé par un caisson qui passe,
Nul bruit, nul mouvement, et sur l’immense espace
     Pèsent le silence et la mort.

C’est la fuite, partout. Si, dans les quartiers riches,
Frôlant timidement les murs souillés d’affiches,
     Le passant marche, le front bas,
Inquiet du blocus et craignant qu’on l’affame,
Dans le groupe, au faubourg, le vieux, l’enfant, la femme,
     Sont seuls à parler des combats.