Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/120

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Le sujet de se plaindre et le droit d’être triste.
Au contraire, il avait, cet heureux Olivier,
Le plaisir délicat de se voir envier.
Épris de vérité, d’art pur, d’exquis langage,
Il élevait longtemps ses poèmes en cage ;
Et, lorsque ces divins oiseaux de paradis
Pour affronter l’azur semblaient assez hardis,
Sur la ville pourtant bien hospitalière,
Un beau jour, il ouvrait brusquement sa volière ;
Et c’était, au palais comme aux logis cachés,
A qui recueillerait ces doux oiseaux lâchés.
La vie avait été facile à ce poète.
Une fée, un peu muse, avait, de sa baguette,
Effleuré son berceau, quand il était petit.
Dès ses débuts, son nom vers la gloire partit,
Ainsi qu’un brick léger qu’un bon vent favorise.
La chance lui faisait sans cesse une surprise :
De l’argent, quand sa bourse était vide ; un succès,
Alors que du vieux spleen lui revenait l’accès ;
Et, quand il était pris d’une vague tendresse
Ou d’un confus désir d’amour, une maîtresse.

Dans les passionnés et gracieux romans
Qui peuplaient son passé de souvenirs charmants,
Les plus humbles faisaient comme les plus altières.