Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/122

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Pareil au piano de valse et de quadrille,
Décor banal ornant le salon d’une fille,
Et sur lequel, pendant un instant, par hasard,
Un bon musicien vient jouer du Mozart.


II

 
Or, par un de ces jours où le soleil traverse
Et change en diamants les gouttes de l’averse,
Olivier, par la pluie en sa chambre enfermé,
Tenait sur ses genoux un coffret parfumé,
De ses amours défunts tombe étroite et discrète,
Et relisait, tout en fumant sa cigarette,
Ses anciens billets doux, liés par des faveurs.
Distrait, il parcourait de ses regards rêveurs
Tantôt un vélin bleu, tantôt un vélin rose,
Mais s’il reconnaissait l’écriture, la prose,
Et même l’orthographe, excentrique parfois,
S’il se rappelait bien l’attitude, la voix,
Le regard, le baiser, enfin toute la femme,
Cependant la tristesse envahissait son âme ;
Car dans les mots écrits sur ces papiers relus,