Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/129

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IV


Cependant Olivier reprit un peu courage,
Le lendemain matin, et, sachant qu’un voyage
Peut distraire, il faisait ses apprêts sans songer
De quel côté ses pas allaient se diriger,
Quand soudain ― la mémoire a de ces bons caprices
Il fredonna tout bas ce refrain des nourrices
Qu’il entendait jadis, rythmé par le rouet
De sa mère, du temps qu’à ses pieds il jouait
Au soleil, sur le seuil de sa maison de veuve.
Il se souvint alors de la pierre encor neuve
Qui la couvre, parmi l’herbe épaisse qui croît,
A côté de la vieille église de l’endroit,
Et sur qui, vers le soir, l’ombre du clocher tombe.
Il résolut d’aller pleurer sur cette tombe
Et d’en orner de fleurs la simple croix de fer ;
Et, comme si ce fùt un souvenir d’hier,
Il revécut les temps lointains de son enfance.
— Oui, c’est là qu’il irait. ― Et, frémissant d’avance
De plaisir, il avait sous les yeux le tableau
Des sveltes peupliers qui se mirent dans l’eau