Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/142

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Mon hôte et moi. Je suis dans la chambre d’ami
Où j’ai, jusqu’au matin, comme un enfant, dormi.
Je suis bien. Tout à l’heure, en ouvrant ma fenêtre,
Pour voir les environs et pour me reconnaître,
J’étais comme grisé par le vent du matin.
Une fille chantait sur la route, au lointain ;
Elle a passé, portant une cruche à l’épaule.
J’ai là, devant mes yeux, logé dans ce vieux saule,
Un nid de loriots, et, si j’étais méchant,
Je pourrais en voler les œufs, en me penchant.
Je me parle tout seul, à voix haute, et divague ;
Et je sens naître en moi l’espoir confus et vague
D’on ne sait quel bonheur qui vient et que j’attends.

Qui est-ce qui disait que je n’ai plus vingt ans ?


25 mai.

Vraiment, les braves gens ! la bonne vie agreste !
Tant pis pour eux. Ici je me plais, et je reste.
La maison, aujourd’hui ferme, jadis château,
A bon air. Un fossé l’entoure ; un vieux bateau
Plein de feuillage mort pourrit là, sous le saule.