Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/161

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Puisque Octobre permet qu’un églantier renaisse. »

Olivier répondit :
                             « On n’a qu’une jeunesse,
Suzanne… Mais il faut rentrer ; le jour finit. »

Le père de Suzanne alors les rejoignit ;
Et les trois cavaliers regagnèrent la plaine.

Ils ne se parlaient plus. ― La nature était pleine
De l’immense regret du soleil disparu.
Du côté du couchant un nuage accouru
A peine en conservait une lueur d’opale.
Un grand frisson courut sur la verdure pâle ;
Le funèbre horizon devint couleur de fer ;
Et déjà l’on sentait au loin venir l’hiver,
Comme un homme attardé dont les pas s’accélèrent.

A gauche d’Olivier, des corbeaux s’envolèrent.

Et, pendant ce retour lent et silencieux,
Muet, il confondit, en promenant ses yeux
Sur le mélancolique et sombre paysage,
Son mauvais souvenir et ce mauvais présage ;
Et, rythmés par les pas des chevaux sur le sol,