Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/163

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Faudra-t-il que toujours, ô voluptés menteuses,
           Où n’était pas mon cœur,
Je sente remonter à mes lèvres honteuses
           Votre ancienne rancœur ?

Baisers de feu de qui j’ai senti la brûlure,
           Chairs que toucha ma chair,
Garderai-je toujours votre froide souillure
           Et votre goût amer ?

— Pourtant j’ai cru mon cœur guéri de son ulcère ;
           J’ai voulu rajeunir ;
Et, n’étant plus naïf, j’ai fait l’effort sincère
           De le redevenir.

Oui, tout ce que l’amour peut mettre en la pensée
           De pur et d’ingénu,
Près de cette adorable et blanche fiancée
           Je l’ai pourtant connu.

Pendant ce doux printemps que j’ai passé près d’elle,
           Pendant ce doux été,
J’ai connu l’espérance innocente et fidèle,
           Et m’en suis contenté.