Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/174

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Elle oublîra ! Mais moi, l’oublîrai-je ? Hélas ! non.
J’emporte, en la quittant, la douleur immortelle
De n’être plus naïf, pur, jeune et digne d’elle ;
Et ma voix vibrera quand je dirai son nom.
Rien ne fera pâlir, ni le temps ni l’absence,
Ce souvenir, pour moi si cruel désormais,
De l’enfant qui m’a mis au cœur, et pour jamais,
L’affreux, le dévorant regret de l’innocence !
Il me suivra toujours ! La femme que demain
Jettera dans mes bras l’amère destinée,
En me parlant d’amour, sera tout étonnée
De me voir soudain fondre en larmes sur sa main ;
Et ses baisers viendront raviver mon envie,
Mon désespoir profond de ne connaître pas
Le seul bonheur que l’homme ait peut-être ici-bas :
Avoir le même amour pendant toute sa vie !