Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/19

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Le serment contre ces maudits,
Il faut pourtant qu’il s’accomplisse ;
Et déjà des cœurs attiédis
La nature se fait complice.

Le printemps ne se souvient pas
Du deuil ni de l’affront suprême ;
Et sur la trace de leurs pas
Les fleurs ont repoussé quand même.

Le pampre grimpant rajeunit
La ruine qui croule et tombe,
Et la fauvette fait son nid
Dans le trou creusé par la bombe.

La haine est comme les remords :
Avec le temps elle nous quitte ;
Et sur les tombeaux de nos morts
L’herbe est trop haute et croît trop vite !

Mais vous êtes là, vous, du moins,
Pour nous rafraîchir la mémoire,
Ô blessés, glorieux témoins
De leur effroyable victoire !