Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/194

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Sidon eut de nombreux enfants qu’il éleva ;
Heth devint veuf, après un an de mariage,
Et n’obtint qu’un seul fils, l’espoir de son vieil âge.
Hais, étant en sueur, le soir d’une moisson,
Ce fils but de l’eau froide et fut pris d’un frisson,
Puis mourut ; et depuis ce temps, le triste père,
Contre Dieu qui l’accable et qui le désespère,
Se révolte, et souvent même il a blasphémé.

Au contraire, Sidon, de tous les siens aimé,
Est heureux, opulent, sage, pur de tous vices ;
Il prie, il jeûne, il offre au ciel des sacrifices ;
Et tous ses serviteurs vantent sa piété.

Un jour que tous les deux, par la chaleur d’été,
Sur leurs terres venaient de se mettre à l’ouvrage,
Un nuage effrayant où grondait un orage
Accourut, et le ciel brusquement fut tout noir.

Heth, que rongeait toujours son ancien désespoir,
Levant le poing, cria :
                                   « Frappe, Dieu méchant, frappe !
Et qu’il ne reste plus à mes ceps une grappe !