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Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/221

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Timour, parmi les cris et les lueurs d’épées,
Sans daigner regarder le lugubre décor,
Monté sur un cheval caparaçonné d’or,
Passait, l’esprit plongé dans quelque rêve austère,
Allait au champ des morts, et mettait pied à terre.
Au milieu des tombeaux longtemps il errait, seul,
Et, quand il rencontrait celui d’un grand aïeul,
D’un iman, d’un poète ou d’un guerrier célèbre,
Comme Timour avait la piété funèbre
Des sages qui souvent se disent qu’ils mourront,
Il s’inclinait, touchant le sépulcre du front.

Le chef des cavaliers aux longs bonnets de feutre
Voulut qu’on épargnât Thous comme ville neutre.
Après qu’on l’eut forcée, un jour du Ramazan,
Parce que Firdousi, le poète persan,
Avait jadis passé dans Thous sa vie entière.
II alla visiter sa tombe au cimetière,
Et, comme un charme étrange attirait son esprit
Vers cette sépulture, il voulut qu’on l’ouvrît.

Le cercueil du poète était jonché de roses.

Timour se demanda quelles métamorphoses,
Après que le dernier de ses jours aurait lui,